Plusieurs dizaines de personnes ont été blessées ou tuées au cours de la campagne électorale, dont le candidat de centre droit Fernando Villavicencio, qui affichait des propositions plutôt favorables aux travailleuses et travailleurs, en particulier dans le secteur bananier.

Dans une lettre ouverte au gouvernement d'Equateur, la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération syndicale d'Amérique latine lui demandent expressément de :

garantir la sécurité et le respect des droits des militantes et militants syndicaux et des acteur∙rice∙s de la société civile,
mener une enquête approfondie sur l’assassinat de Fernando Villavicencio et de toutes les autres victimes de violences,
défendre le système démocratique en Équateur.

Notre association partage évidemment ces préoccupations et salue le déroulement pacifique du scrutin de ce dimanche 20 août, auquel 82% des électrices et électeurs ont pris part.

Souhaitons que la campagne électorale se poursuive, d'ici le 15 octobre, dans un climat apaisé, et permette la formation d'un gouvernement sensible au respect des droits humains.

Quelques éléments de contexte

Les plantations de bananes d'Equateur alimentent le monde entier, mais elles sont loin d’assurer des conditions de travail décentes aux 300 000 personnes qui y travaillent : respect du salaire minimum légal, affiliation à la sécurité sociale, paiement des heures supplémentaires et des congés, protection contre l’exposition aux pesticides, respect de la liberté d’association, sanction et prévention des violences sexistes et sexuelles…

Tous ces droits sont rarement garantis dans les plantations. En 2010, la Rapporteuse Spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines d’esclavage déclarait ainsi que les travailleurs et travailleuses des bananeraies d’Equateur se trouvaient dans une situation équivalente à de l’esclavage !

A cette situation hautement préoccupante s’ajoute le fait que l’Equateur est un des pays d’Amérique latine présentant l’un des taux les plus faibles de syndicalisation. En 2023, il a fait son entrée dans le classement de la Confédération Syndicale Internationale (CSI) des 10 pays où les conditions de travail sont les pires au monde.

Le CSI relève notamment que "le cadre législatif très restrictif en Equateur continue à entraver le développement de syndicats indépendants dans le pays, et les autorités continuent à empêcher la reconnaissance et l’enregistrement de syndicats de branche, tant dans le secteur public que privé".

Notre partenaire sur place, le syndicat ASTAC, a débuté son activité en 2007 mais ses membres ont subi, dès le début, des manoeuvres d'intimidation de toute sorte et sa reconnaissance administrative n'a été obtenue qu'en 2022, à l'issue d'une longue bataille judiciaire, d'ailleurs toujours en cours. Nous recevons régulièrement des informations préoccupantes sur des licenciements non motivés, ou justifiés explicitement par une proximité avec le syndicat...

Inquiétude en Equateur