Alors qu’ont lieu actuellement les négociations annuelles fixant le prix de la caisse de bananes en Europe, ActionAid France s’inquiète de leur impact sur les droits de celles et ceux qui les cultivent.

Les supermarchés font pression pour faire baisser les prix. C’est notamment le cas d’Aldi qui cherche à réduire le prix d’achat des bananes de presque 9%, à 11,33 € la caisse de 18,14 kilos (soit seulement 0,62 € le kilo) dans le cadre de son contrat global de 2021.

Pas de juste prix pour la banane

Cette décision vient aggraver une situation déjà critique.

Selon notre partenaire en Equateur, le syndicat d'ouvières et ouvriers agricoles ASTAC, au plus fort de la pandémie et alors que le secteur de l’exportation de bananes avait progressé de 12% en Equateur, les entreprises exportatrices ne payaient pas le prix minimum dû aux producteur∙rice∙s, au prétexte que les supermarchés européens faisaient pression pour une baisse des prix.

Ces entreprises soulignaient que : « les contrats avec les importateurs internationaux ont connu deux issues dans beaucoup de cas : soit les importateurs ont exigé une baisse du prix, soit il a été impossible de recevoir les paiements de la part des acheteurs. ».

La grande distribution, qui s’engage publiquement pour le respect des droits humains et du devoir de vigilance, n’a pas véritablement intégré ces dimensions dans ses pratiques de négociations commerciales.

Il est important de rappeler que le paiement d’un prix juste est indispensable pour une rémunération digne des travailleur∙se∙s dans les plantations. Il semblerait que ces entreprises ne l’aient toujours pas compris…

Le syndicat ASTAC proteste

Pour ASTAC, la décision d'Aldi enfreint l’accord commercial entre l’Union Européenne et l’Equateur, ce qui a des conséquences désastreuses sur les travailleur∙se∙s du secteur.

C'est pourquoi le syndicat a décidé de se retirer du Conseil Consultatif de la Société Civile de l’Equateur (CCI), créé dans le cadre de l’Accord Multipartite entre l’Union Européenne, la Colombie, le Pérou et l’Equateur.

Le syndicat juge que ce conseil ne fait office que de figuration pour le gouvernement et que l’avis de la société civile n’y est jamais pris en compte. L’accord ne permet ni le respect des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), ni des règles équatoriennes et européennes en matière de droits des travailleur∙se∙s ou de protection de l’environnement. Quant à la Commission Européenne, elle reste silencieuse face aux violations de l’accord.

En mars 2019, le Conseil Consultatif de la Société Civile de l'Equateur avait présenté une plainte devant le Ministère des Relations extérieures de l’Equateur, reçue également par la Commission Européenne, concernant les violations de droits humains dans les plantations de bananes. Mais selon ASTAC, le gouvernement équatorien n’a rien fait, ni dans ce cas, ni lorsque l’OIT a demandé à deux reprises au gouvernement de reconnaître officiellement l’organisation comme syndicat.

Beaucoup de travailleur∙se∙s se retrouvent dorénavant dans une situation d’extrême pauvreté, dans un secteur rassemblant près de 200 000 personnes en Equateur, déjà précaires avant la crise. Il est temps que les travailleur∙se∙s des plantations de bananes reçoivent une juste rémunération pour leur travail.

La baisse du prix de la banane met les travailleur∙se∙s en péril